Spécialités nomades
L'alimentation habituelle des nomades repose sur le lait, les céréales, les dattes et occasionnellement la viande. Mil, sorgho et blé servent à préparer bouillies, galettes ou couscous. Si une partie du mil est cultivée dans le pays, le reste est importé. La variété la plus prisée des Kel Ahaggar est cultivée au Damergou nigérien (au nord de Zinder). Le blé est cultivé sur place. L'emploi de farine blanche dévitalisée s'est généralisé, elle réduit d'autant la valeur nutritive de son utilisation.

Ce texte est extrait du Guide Bleu Hachette 2000

 

Galette sans levain, la tagella (kesra en arabe) se cuit dans le sable. Comme ingrédients : de l'eau et de la semoule. Un trou dans le sable, recouvert de cendres chaudes et de braises, constitue un four de fortune efficace. À point, la galette est lavée à grande eau et coupée en menus morceaux. On la mange avec une sauce ou arrosée de beurre fondu : délicieux ! En méharée, c'est un aliment de base. Lointaine parente de la crêpe bretonne, Yelfetat est plus épaisse et la pâte ne contient pas d'œufs. Une pierre chauffée remplace la poêle. Méchouis et couscous, réservés aux jours de fêtes, sont très appréciés des palais européens.
D'innombrables termes tamahaq désignent le lait, c'est dire l'importance de cet aliment dans la vie des Touaregs. Lait de chèvre et de chamelle, plus rarement lait de vache ou de brebis, sont consommés frais, aigris, caillés ou encore sous forme de beurre fondu et de fromages.
D'une conservation aisée, la datte constitue l'aliment le mieux adapté aux conditions de vie sahariennes. Elle apporte des éléments riches en vitamines, sucres et farineux. À la deglet nour, molle et très sucrée, les nomades préfèrent la variété moins chère, appelée localement teguaza, provenant du Touat. Sèche et dure, elle se conserve et se transporte sans problème. On la mange telle quelle ou réduite en poudre.

 

Des convois de camions assurent, depuis longtemps, la relève des antiques caravanes qui ramenaient les dattes du Touat. Ils assument aussi le ravitaillement en viande, important, des bêtes sur pied depuis le Mali et le Niger. Les troupeaux des nomades ne suffisent pas à la consommation locale. De plus, seuls les chèvres et les ânes résistent bien à la sécheresse du Hoggar. Avant que la sécheresse ne les décime, en 1973, la majorité des troupeaux de chameaux de l'Ahaggar pâturaient dans le Tamesna nigérien (à l'ouest d'Agadez). Si une famille de quatre personnes possède 40 chèvres et 2 chameaux, elle peut s'estimer riche. La même famille peut survivre avec 20 chèvres, mais il s'agit là d'un minimum vital. Les nomades dédaignent les volailles que les sédentaires, eux, consomment. Les légumes apparaissent de plus en plus fréquemment dans les menus du Hoggar; les fruits et les légumes sont d'usage courant. Malgré leur prix, les produits d'importation ont de plus en plus de succès : sardines, thons, pâtes, confitures, fromages en portions, café. On connaît le rôle joué par le sel dans le processus de déshydratation, c'est donc un produit aussi précieux que l'eau. Au Hoggar, l'exploitation de l'Amadror est située dans la région entre la Tefedest et le Tassili n'Ajjer : ses produits sont encore amenés à dos de chameaux jusqu'à Tamanrasset. La majorité de la production s'exportait au Niger. Le natron, carbonate hydraté de sodium, entre dans la composition des chiques de tabac, sert de médicament (dépuratif) et de tannant pour les peaux. On l'exploite à Ouksem, à 16 km au nord-ouest d'Idélès. Pas de boissons fermentées ni de stupéfiants chez les Kel Ahaggar. On compte bien quelques fumeurs de kif à Tamanrasset et aux environs, mais ils sont rares et mesurés.